Se perdre

Personne n’a vraiment conscience de qui il est vraiment et pourquoi il se trouve à cet instant T sur cette Terre.

Plutôt que de perturber les jeunes gens à leur demander «que veux-tu faire plus tard ? » il y a lieu de les aider à chercher « qui ils sont ».

Quelles sont ses aspirations, ses envies, ce qu’il affectionne comme activité quotidienne, s’il préfère la compagnie ou la solitude, le contact physique donné ou reçu ou s’il n’est pas à l’aise avec le sens du toucher ? Quelles sont ses passions, ses désirs profonds, ses rêves ?

Au lieu de cela, ils sont conditionnés par ce qu’ils doivent dire ou paraître.

Il y a tellement de révolte dans le coeur des enfants, tellement d’envies de liberté d’être soi, combien de mal-être et de drames évités si nous, « les grands » (!?), savions les écouter et les aider à devenir qui ils sont au fond de leur coeur, au fond de leur âme.

Devant leur hésitation, nous les poussons dans une voie, sur un chemin, convaincus de savoir ce qui est bon pour eux. Nous oublions que nous jugeons de la situation avec notre propre vécu, nos propres critères, nos seules convictions.

Nous avons fait ce même chemin, nous avons reçu ces mêmes conseils.

Combien d’entre nous, adultes, sont pleinement satisfaits de leur vie, de leurs choix ?

Pour répondre aux attentes de nos parents, de la société quelle qu’elle soit, nous nous sommes pliés à rentrer dans un moule, à peu près confortable, mais pas toujours.

Et fréquemment, en milieu de vie, dans un grand mouvement de « ras-le-bol », nous cassons ce moule, mais encore bien souvent comme en cas de grande émotion, sans en connaître profondément le sens et la finalité.

Encore plus que dans le moule sociétal, nous nous perdons complètement dans le moule passionnel.

Il « faut » plaire à l’autre, correspondre à ses attentes, gonfler notre gosier, déployer notre queue de paon, roucouler du plus beau chant. Dans tous ces « il faut », nous oublions d’être.

« Je suis qui je suis. Aime-moi tel-le que je suis. Laisse-moi être. De même je ne peux t’aimer que si tu es vrai-e ».

Dans cette pureté-là, il y a tout lieu que la relation perdure dans le temps et dans l’intensité.

Toutefois, par peur de perdre l’autre, nous préférons nous perdre nous.

Vouloir correspondre aux attentes de l’autre, des autres, nous conduit tout droit dans un mur sur lequel nous nous casserons le nez, un jour proche ou lointain.

Aurons-nous alors conscience que ce mur, c’est nous seuls-es qui l’avons construit, par peur de déplaire, peur du rejet, peur de « non-conformité », peur de ne pas être aimé-e pour qui nous sommes vraiment ?!

La maturité apporte cette douce certitude : quand je suis bien avec moi, je suis bien avec l’autre, tous les autres.

Une seule façon de nous découvrir : stopper la fuite en avant, les « empêcheurs de penser »*, prendre le temps de se voir avec les yeux du coeur, de nous rappeler petit enfant dans la pureté de ses attente et reprendre notre souveraineté.

Chaque être humain sur Terre a sa place, sa fonction bien définie, indépendamment des attentes des autres.

Quoi de plus difficile d’être indulgent et compréhensif envers soi-même ?

Cet amour inconditionnel prôné par toutes les religions ne peut être compris, assimilé et expérimenté s’il ne passe d’abord par l’amour inconditionnel envers nous-même.

Namasté

Claudine

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Une réflexion sur « Se perdre »

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