Le lait sur le feu

Nos cinq sens créent leur réalité selon leurs perceptions, mais la réalité n’est pas ce que perçoivent nos sens.

Chaque sens construit et dissèque une partie de la Réalité et la matérialise dans un concept propre à sa nature : un goût, une odeur, une vision, un son, un toucher.

La réalité est Un. La réalité est un champ d’atomes électromagnétiques qui forme un tout complètement interdépendant.

La matière est de même nature que la pensée ou la conscience. Tout est vibration, de la plus lente à la plus rapide, tout contient le tout.

Nos sens nous informent du contraire en enfermant la réalité dans la nature de sa propre perception.

– Le soleil est brûlant disent les mains.

– Le soleil est aveuglant disent les yeux.

– Le soleil est silencieux disent les oreilles.

– Le soleil sent le roussi dit le nez.

– Moi je ne veux pas goûter le soleil, dit la bouche dans un pincement.

… alors que le soleil fait partie intégrante de notre nature. Les infimes particules de lumière qui nous composent et sans lesquelles la vie ne pourrait être sont concentrées en un point culminant et générateur infini : le soleil.

Le magma d’atomes compose là un soleil, là une planète, là un rocher, là une fourmi, là un humain.

Aucun de nos sens n’est assez subtil pour ressentir le Tout.

Chacun des cinq sens arrive avec ses gros sabots et nous enferme dans sa propre conviction.

– Je vous dis que cette pierre est grise disent les yeux.

– Je vous dis que cette pierre a un son mat disent les oreilles.

– Je vous dis que cette pierre est rugueuse disent les mains.

– Je vous dis que cette pierre a un goût métallique dit la bouche.

– Je vous dis que cette pierre sent le minéral dit le nez.

Aucun des cinq sens ne perçoit la véritable réalité de la pierre : un agglomérat d’atomes aux vibrations très lentes mû par le même champ électromagnétique que ce qui compose ma main.

Si mon cerveau pouvait sortir de son formatage, ma main pourrait entrer dans la pierre et la pierre entrer dans ma main puisque nous sommes de même nature.

Mon professeur de sciences nous disait il y a cinquante ans : si on pouvait sortir les atomes qu’il y a à l’intérieur d’une balle de tennis, on pourrait y faire entrer un sous-marin !

Je le regardais avec des grands yeux incrédules, incapable que j’étais alors de faire le cheminement de déconstruction conceptuelle pour arriver à cette vérité.

Il ne s’agit pas ici d’un cours de science mais d’une simple réflexion et d’un chemin à trouver vers une forme de compréhension.

En état de profonde détente, de relaxation, de méditation, de prière, ou bien plus simplement juste quelques secondes avant l’endormissement ou quelques secondes juste après le réveil, je peux élever mes vibrations au plus haut de mon possible et ne plus différencier mes points d’appui du coussin qui me porte ou du vêtement qui me recouvre.

Les sensations qui me divisent du Tout ne sont plus, je deviens alors le Tout, dans des moments fugaces tout d’abord.

La magie de l’être est d’étirer ces moments fugaces au plus de mes possibles.

La difficulté première est remplacée très vite par un besoin, puis par une habitude, pour arriver à une jouissance extrême de sortir de mes cinq sens et enfin ressentir le Tout (beau paradoxe à détricoter).

Un grand piège de notre mental à surveiller comme le lait sur le feu : ne plus avoir envie de revenir à nos cinq sens !

Namasté

Claudine

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *