Regarde, je marche !

– Tu sais marcher ! Pourquoi est-ce que tu rampes ?

– J’ai peur de tomber.

– Peut-être… et alors !? Tu as deux jambes solides, mais marche donc !

– Oui mais …
… celui-là est tombé malade
… et celle-là vient de mourir
… ça peut m’arriver !

– Peut-être ! Et alors ! Là maintenant tu vas bien, tu n’as rien. Lève-toi et marche. Il n’est pas temps de penser aux bleus et aux bosses qui pourraient survenir si tu tombais. Sûr ! Si tu continues à ramper, tes genoux râpés ne vont plus te porter, et tes mains crispées vont faire souffrir tes bras, ton dos, ton ventre ! Tu sais marcher. Regarde-moi ! Je suis droit-e sur mes jambes. Bien sûr que je pourrais tomber, la belle affaire ! Maintenant je marche et je me sens bien, tout-e léger-ère.

Hier est derrière moi, je ne peux plus le changer. Pourquoi le porter ? Pourquoi chercher à le refaire avec des « si… » ? RIEN, plus rien ne peut le changer. Il était parfait tel qu’il était, même s’il me paraît injuste, dur, horrible, inacceptable. Je n’ai aucun pouvoir pour changer ne serait-ce que ce qui était la seconde qui vient de passer.

– Oui mais demain !

– Demain est plein de promesses, plein de risques aussi. Tu peux essayer de le prévoir, de le diriger, de le contraindre. Demain sera ce qu’il doit être. Tes peurs d’avancer n’empêcheront pas que la vie soit, bien au contraire.

Tu connais le dicton « on ne prête qu’aux riches » ? Tu es riche du moment présent, le seul que tu puisses changer, mais tu ne le vois même pas, perdu-e dans tes peurs du lendemain et tes regrets pour hier.

Regarde-toi, là maintenant ! À cette seconde ! Comment es-tu habillé-e ? as-tu chaud, ou froid ? Es-tu assis-e ou debout ? Confortablement ? Comment est ta respiration ? Es-tu bien dans ton corps ?

– J’ai tellement mal là !

– Tout le temps ?

– Non, quand je suis détendu-e je n’ai plus mal.

– Connais-tu un moyen pour retrouver cette détente ? Un moyen simple et pas addictif ?

– Oui, mais je n’ai pas le temps !

– N’est-ce pas important pour toi d’aller bien !?

– Si, mais il faut faire un effort. Je ne sais pas si je pourrais, j’ai peur d’avancer.

– Fais un pas, un tout petit. Ressens-toi dans le moment présent, dans la seconde, là ! Maintenant ! Pense au ciel, immuable au-dessus de ta tête. Il est partout à disposition. … Prends le temps …

Voilà tu y arrives ! Maintenant, pense au sol en dessous de tes pieds, toujours présent… Tu le ressens ?! Concentre ta pensée sur l’espace que tu occupes, une seconde, allez ! Encore une, puis une autre … oui, c’est bien ! Tu es debout !!! juste là, maintenant !

Tu vois, les secondes se sont écoulées et il ne s’est rien passé ! Avance, un pas, une seconde, un autre pas, une autre seconde,
MAIS TU MARCHES ! *

Tu es riche du plus grand et du plus précieux des trésors :
le moment présent !

Ah ! J’ai oublié de te dire : tes deux jambes ne peuvent porter que toi. Chacun se doit de faire les pas qui lui appartiennent. Tu peux guider, montrer, être présent à l’autre, tu ne peux marcher à sa place. C’est dur, ou dommage, mais c’est ainsi.

Allons ! Debout maintenant !

* … il y en a des très forts !… qui ne marchent que dans leur tête …

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