La Main

Envie de mourir pour me fondre en Dieu.

Quel doux et étrange ressenti pendant un moment extatique de prière-connexion.

Comme si mon corps était une barrière, un contenant, qui m’empêchaient d’être «Un».

La mort, si mal perçue, parce qu’elle nous arrache les uns aux autres, croit-on, alors qu’en fait elle nous unifie.

Ma naissance m’apparaît comme un modelage dans la matière, comme une vessie incongrue sur un ballon.

Comme ce petit bonhomme très vénère, personnage d’un dessin animé italien des années 70 : la Linea (Osvaldo Cavandoli, 1971).

Ce petit homme s’adresse avec rage à la main du dessinateur très peu visible, exige de rallonger le trait, de lui faire prendre la forme souhaitée, de faire naître la situation désirée, souvent catastrophique.

On devine une douceur, une résignation amoureuse, de la part de cette main créatrice.

Il m’apparaît dans cet instant de communion intense que la ligne droite deviendrait quiétude. Pas de ligne du tout serait la vraie vie, unifiée, paisible, libérée de tout heurt, de tout conflit, de toute souffrance.

Etrange et merveilleux ressenti de la douceur de la mort.

Non pas d’une envie suicidaire.

Juste une envie d’être libérée des frontières de mon corps pour expérimenter l’unité, la plénitude, l’omniprésence, l’omnipotence, l’omniscience. Trois mots si lourds pour exprimer un éclatement de ma personne physique qui pour moi est tout contenu dans ce mot si attrayant : extase.

Les mots limitent ma pensée comme mes sens limitent ma communion.

Au-delà, au-delà, au-delà de la ligne horizontale, au-delà de la surface.

Rejoindre le Créateur si doux qui autorise toutes mes velléités, toutes mes bêtises, tous mes manquements, avec une patience et une compassion infinies pour toutes ses créations, dont je suis, si inconscientes de sa douce volonté de ne pas nuire à ma liberté, à notre liberté.

Même si ma volonté, mon aveuglement me précipitent contre le mur du réveil.

Ou de l’anéantissement.

Toujours, je peux me relever avec la rage du pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi j’ai mal ?

Alors qu’il fallait juste faire confiance à la Main !

Namasté

Claudine

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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