Mon « après mémoire » UD

Je comprends initialement ce mémoire comme preuve de compréhension et d’acquisition de l’enseignement de l’Art de la Relation©.

Cela crée une dichotomie dans mon ressenti. Encore une fois, faut-il sortir du concept de la dualité par ce concept de ce que je conçois comme un examen de plus ?

Poussée par cette puissante envie de comprendre l’incompréhensible, je m’attelle bon gré, mal gré, à ce labeur.

Je n’y vais pas avec mon mental. Je m’isole et plonge dans mon ressenti au point de faire abstraction du froid de la maison qui m’accueille : quinze degrés nuit et jour. Trois pulls et un espace-temps plus tard, je ressors avec mes pages construites, sans grande conviction du mémoire accompli par un volume de mots jetés sur mon ordinateur. Pourtant, je préfère, et de loin, la griffure de l’encre sur une feuille de papier, mais il m’aurait fallu tripler mon temps d’isolement.

Cette expérience informatique me confirme un autre frein imaginaire. Tout va bien, tout coule sous mes doigts, quel que soit le fond, la forme est là.

Je suis portée par une chanson récemment entendue : «Shallow», la surface. Or do you need more ?! Oui ! J’ai besoin de plus, plus haut, plus loin, que cette apparente réalité qui n’a jamais, mais vraiment jamais correspondu à mon «être», ce moi toujours décalé au regard du poussin de six jours qui découvre un univers étrange.

Cette «surface» vibre tellement en moi ; ce voile épais qui me cache les profondeurs et les hauteurs que Cécile nous explique avec patience, douceur et détermination. Je veux y aller, et tous les chemins me sont bons, même ce mémoire arraché à ma volonté.

Le jour de la présentation arrive. J’ai préparé une petite mise en scène qui me représente, plus que le mémoire lui-même. Je n’en mentionne que le titre, ou si peu de plus.

Comme la main qui assurait l’équilibre de mon vélo à six ans, Cécile me guide : roule Claudine, pédale, je suis là, oui vas-y, tu y es presque !

Elle me pousse avec bienveillance devant «mon mur», ma surface opaque :

– Tu reçois tes textes Claudine ?

– Oui !

– Tu reçois tes textes ?

– … hmm… oui …

– Tu les reçois !?

Une pensée : ça ne doit pas être ce «oui» la bonne réponse. Le mur explose !

– Je suis mes textes !!!

– Oui Claudine ! C’est cela ! Tu es tes textes.

Une grande joie m’envahit, comme en ce jour de mes six ans où papa a cessé de courir pour tenir mon vélo en équilibre sans que je ne m’en aperçoive.

Je pédale et me tiens droite comme ce merveilleux i couronné d’un point !

Je roule, je respire, je m’expands. Je découvre une liberté nouvelle qui fond la matière, mon environnement, mon moment présent en millions de particules volatiles et insaisissables. Une nouvelle fois, ce ressenti de non-séparation.

Quelque chose de «physique» lâche en moi à cet instant où j’énonce publiquement «je suis mes textes».

La toux qui perturbait mes jours et mes nuits depuis tellement d’années cesse. Les allergies alimentaires se tiennent en sourdine malgré mes petits écarts. Mais le plus important : mon regard a changé, mon ressenti a changé, mon «être, je suis» a changé, plus calme, plus posé, comme grandi.

Les lentilles d’eau qui recouvraient la surface de la mare où je pataugeais ont disparu, faisant place au miroir pur de la surface d’un lac de montagne où se reflètent les sommets et les vols des oiseaux, dévoilant aussi les galets et les poissons dans son eau cristalline.

Ma vision de la réalité telle que présentée a pris d’autres dimensions, d’autres perspectives qui attendaient, latentes, au creux de mon coeur.

Comme l’instant T qui a conduit à mon équilibre en vélo, il y a cet instant T qui a ouvert mon armure personnelle et conceptuelle qui m’étouffait.

Je ne suis qu’au tout début de cet Autre Chemin.

Namasté

Claudine

PS : j’ai présenté ce mémoire en décembre 2023. Petit à petit, les transformations observables arrivent indépendamment de ma volonté propre.

PS bis : Je comprends en écrivant ces mots l’envie viscérale qui m’a poussée à acheter un vélo et à en pratiquer avec une joie indicible !

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