« Rappelle-toi Minette »

La vie n’est pas un long fleuve tranquille, certes, alors pourquoi la compliquer davantage ?

« Les efforts, c’est pour les constipés » dit Jorge Buclay.*

Un de mes amis n’a de cesse de citer un proverbe chinois qui dit : « souris à la vie et la vie te sourira ». Pourtant cet ami se prend toutes les portes dans le nez à vouloir être toujours plus dans tous les domaines de sa vie.

Je racontais une anecdote de mon adolescence à mon amie Nelly par rapport à mon ignorance volontaire des-classiques-incontournables-qu’il-faut-absolument-connaître, en l’occurrence les œuvres de Mozart : un professeur nous avait donné comme devoir de présenter une conférence sur un compositeur célèbre qui nous était familier. Mes camarades de classe dont les parents étaient mélomanes se disputèrent Bach, Mozart, ou Beethoven. C’était l’aube des années 80 et je vivais en Suisse. J’entraînais mon amie de toujours Christine, en binôme avec moi, dans un choix improbable mais plein de fraîcheur et de candeur : une vedette du disco de l’époque, Patrick Juvet. A l’annonce de notre choix, le professeur a contenu un éclat de rire et a respecté notre envie, se délectant par avance du résultat.

Nous avions un tout petit avantage sur nos camarades qui était que Patrick Juvet était bien vivant et très gentiment coopératif. A notre demande, il nous a envoyé une photo dédicacée et quelques renseignements sur son lieu de naissance et son parcours professionnel.

A la fin de notre exposé, notre professeur s’étant plusieurs fois gaussé discrètement nous a mis la note de sept sur dix, saluant ainsi notre naïveté et notre courage dans la différenciation.

Pour ponctuer mon récit, j’ai chanté à Nelly une bluette de monsieur Juvet en me tortillant : « rappelle-toi Minette, c’était jour de fête, si tu m’entends, réponds-moi… » et nous sommes parties toutes les deux dans un grand éclat de rire à l’évocation de cette histoire vieille de plus de quarante ans.

Toutefois, l’évocation de ce souvenir m’a amenée à un grand moment de réflexion sur mon parcours qu’il me plaît de partager avec vous : tous mes choix de vie ont toujours été dictés par les élans de mon coeur et par la joie qu’ils m’apportaient, avec très peu de considération pour le « devoir ».

Je n’ai jamais eu d’objectif précis, à part celui de me laisser porter par la vie et d’en retirer le plus de quiétude possible.

Les rares fois où je me suis contrainte à suivre un chemin qui n’était pas pour moi, je me suis prise des retours de bâton plutôt cuisants.

J’ai mis du temps à mettre en pratique un de mes préceptes préférés : « la vie conduit celui qui consent et force celui qui résiste ».

Quand, au fond d’un gouffre plus profond que tous les autres, j’ai enfin lâcher prise, la vie a déroulé un tapis rouge sous mes pieds digne d’un conte de fée.

Plus rien ne me coûte, dans chaque accomplissement j’y mets de la joie. Même quand je paie mes factures, je dis « ce que je paie me revient au centuple ». Quand je travaille, je mets plein d’attention à faire au mieux de mes capacités, sans chercher à paraître, en apportant de l’Amour dans toutes mes intentions.

Chaque jour qui passe m’apprend toujours un peu plus à être moi, sans prétention, sans faux semblant, bien ancrée là où la vie a voulu que je sois, et j’y mets de l’amusement jamais perdu depuis mon enfance : je fais « comme si » parce que chacune de mes fonctions n’est qu’une étiquette.

Je suis bien plus qu’une étiquette, bien plus qu’une fonction, bien plus qu’un âge ou un genre. Tout simplement je suis le support par qui la vie s’écoule et depuis que j’aime la vie, depuis que j’aime « ma vie », la vie me le rend au centuple (comme pour mes factures  😉  ).

Enfin je comprends : que nous fassions des efforts ou que nous n’en fassions pas, la vie s’écoulera de toute façon.

Bien sûr, la réussite professionnelle ou sociale apporte un confort matériel évident, mais trop de confort apporte-t-il la liberté et la joie de vivre ? N’y a-t-il pas un début d’angoisse dans la peur de perdre ? Dans le désir du « toujours plus » ?

Trouver de la joie à tous les petits plaisir de la vie apporte une richesse que nul ne peut nous prendre, une sérénité qui vaut toutes les reconnaissances humaines.

Je vous souhaite de trouver votre chemin de légèreté !

Namasté

* Laisse-moi te raconter… les chemins de la vie – Jorge Buclay

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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